NOTES

 

Il serait vain de chercher une source commune à tous les noms, tantôt célèbres, tantôt parfaitement obscurs, de cette liste volontairement hétérogène et anarchique: elle est formée à coup d'additions successives, certaines très tardives.

 

- Cléostrate. Cette « climatologie de Cléostrate» est l'objet d'une addition effectuée aux épreuves. On n'en a pas trouvé la source, si du moins il faut entendre « climatologie » au sens de météorologie puisque Cléostrate est connu, par Pline l'Ancien (Histoire naturelle, II, 6), pour être l'inventeur, d'ailleurs controversé, des douze signes du zodiaque et l'inspirateur d'une réforme du calendrier grec.

 

- Zoologie de Pline. L'Histoire naturelle de Pline l'Ancien déborde beaucoup la zoologie -pour autant d'ailleurs qu'on puisse, ici comme pour les autres auteurs cités, employer la nomenclature moderne des sciences; sur les 37 livres de l'ouvrage, 4 concernent les animaux.

 

- Tribunus. Le Dictionnaire de Chaudon et Delandine ne mentionne pas ce médecin du VII° siècle à la cour du roi de Perse pour son oeuvre scientifique -nulle- mais pour sa générosité: il obtint du roi la libération de plusieurs centaines de soldats de l'armée romaine prisonniers de guerre.

 

- Ronsil. Arnaud de Ronsil (Georges), chirurgien du XVIII° siècle, qui fit la majeure partie de sa carrière en Angleterre; auteur du Traité des hernies ou descentes (1749), si peu connu qu'il est ignoré même du Grand Dictionnaire Universel de Larousse.

 

- Sphoerus. Sans doute le Sphaerus de Diogène Laërce, largement mis à contribution dans ce livre: « Sphaerus du Bosphore fut, comme nous l'avons dit, disciple de Cléanthe, après avoir été celui de Zénon. [...] On a de lui les ouvrages suivants: deux livres du Monde, des Éléments de la semence, de la Fortune, des plus petites Choses, contre les Atomes et les Simulacres, des Sens, des cinq Dissertations d'Héraclite, de la Morale, des Devoirs, des Penchants; deux livres des Passions; des Dissertations, de la Royauté, de la République de Lacédémone; trois livres sur Lycurgue et Socrate; de la Loi, de la Divination; des dialogues d'Amour; des Philosophes érétriens; des Similitudes, des Définitions, de l'Habitude; trois livres des Choses sujettes à contradiction; du Discours, de l'Opulence, de la Gloire, de la Mort; deux livres sur le système de la Dialectique, des Prédicaments, des Ambiguïtés, des Lettres. » (édition citée, VII Zénon et les Soïciens, p. 344.)

 

- Sténon : le personnage est déjà apparu sous son titre d'évêque de Titiopolis, voir la note à « fosses nasales ».

 

- uranologie de Tatius. Dictionnaire de Chaudon et Delandine: « TATIUS, ( Achille) d'Alexandrie, renonça au Paganisme et devint Chrétien et évêque. Nous avons de lui deux ouvrages sur les Phénomènes d'Aratus traduits par le P. Petaut, et imprimés en grec et en latin dans l'Uranologium. On attribue encore à Tatius le Roman grec des Amours de Leucippe et de Clitophon, dont Saumaise a donné une belle édition en grec et en latin, avec des notes. » Hugo a fait une lecture trop rapide de cette notice: il n'y a pas d'uranologie (discours sur les phénomènes célestes) de Tatius qui n'est que le commentateur (Introductio in Aratum) de l'ouvrage d'Aratus de Soles dont les Phénomènes eux-mêmes, très appréciés des Anciens et traduits par Cicéron, relèvent de la poésie didactique plus que du traité savant.

 

- sténographie de Trithème. Autre négligence de la part de Hugo: dans la longue liste des oeuvres de ce bénédictin du XV° siècle, le Dictionnaire de Chaudon et Delandine indique « Un Traité de Stéganographie, c'est-à-dire, des diverses manières d'écrire en chiffres, 1621 , in-4°, Nuremberg, 1721. » Des malveillants, ajoute Chaudon, virent là de la magie. Est-ce pour cette raison ou parce que cet ouvrage suggérait les moyens de se jouer de la censure, toujours est-il que, bien plus tard, Frédéric II en fit brûler le manuscrit original.

 

- pisciculture de Sébastien de Médicis. Des six ouvrages de cet auteur du XVI° siècle indiqués par Chaudon et Delandine, Hugo retient, déforme et ampute, le premier: « On lui doit: I. Un Traité De venatione, piscatione et aucupio [La chasse aux bêtes, la pêche et la chasse aux oiseaux, Cologne, in 8°. II Tractatus de fortuitis casibus [Traité des victimes], in 8°. III. Relationes decretorum et Canonum concilii Tridentini collectae, [Recueil des décrets et canons du Concile de Trente] Florent., 1759. IV. Summa peccatorum capitalium [Etude exhaustive des pêchés capitaux], vol. in 8°. V. De Sepulturis [La sépulture], Florent., 1580. VI. Un Traité, sous ce titre: Mors omnia solvit [La mort résout tout], Francof, 1580. »

 

- Stifels: Michael Stifel ou Stifelius.

 

- Tartaglia: Niccolo Fontana Tartaglia (1499-1557), mathématicien spécialiste d’algèbre plutôt que de géométrie, se rendit célèbre par sa méthode pour la résolution des équations de troisième degré et dans la mise au point des courbes balistiques.

 

- Scaliger: Joseph Juste Scaliger.

 

- Stoffler est qualifié de météorologue par plaisanterie. Chaudon et Delandine en disent ceci: « STOFFLER, (Jean) né à Justingen dans la Suabe, en 1452, enseigna les mathématiques à Tubinge, et s'acquit une haute réputation, qu'il perdit en se mêlant de prédire l'avenir. Il annonça un grand déluge pour l'année 1524, et fit trembler toute l'Allemagne par cette prédiction. On fit faire des barques pour échapper à ce fléau; mais heureusement on n'en fut pas affligé, et l'astrologue insensé reconnut lui-même la vanité de sa prédiction. On a de lui plusieurs ouvrages de mathématique et d'astrologie, pleins d'idées folles et chimériques. Il annonça, dit-on, qu'il périroit d'une chute. En effet, s'étant levé précipitamment, dans une dispute, pour prendre un livre qu'il citoit en sa faveur, il attira en même-temps une planche qui lui porta un si grand coup à la tête, qu'il en mourut peu de jours après, le 16 février 1531. Un fatal hasard pour son malheur, le rendit véridique cette fois. »

 

- Gassendi. On ne comprend pas pourquoi Hugo fait un anatomiste de ce très célèbre philosophe, physicien et mathématicien.

 

- Fernel: Jean Fernel (1497-1558).

 

- Robert Barmne. Il n'existe pas de juriste de ce nom d'une notoriété suffisante pour avoir été enregistré dans les dictionnaires et les encyclopédies. Hugo se souvient sans doute, mais inexactement, de Roger Barmne, avocat à la cour du Parlement de Paris qu'il a nommé dans Notre-Dame de Paris, VI, 1 et dont il avait trouvé le nom dans Henri Sauval, Histoire et recherche des antiquités de la ville de Paris, Paris, 1725, p. 554. Ajoutons que la jurisprudence est l'ensemble des décisions de justice prises dans un cas donné et non une partie de la science du droit.

 

- Quesnay: François Quesnay (1694-1774).

 

- Bouguer: Pierre Bouger (1698-1758).

 

- la nautique de Bourdé de Villehuet. Bourdé de Villehuet (1730-1789), capitaine de vaisseau au service de la Compagnie des Indes, est l'auteur de plusieurs ouvrages de marine dont le plus connu est Le Manoeuvrier ou Essai sur la théorie et la pratique des mouvements du navire et des évolutions navales, Paris, 1765, plusieurs fois réédité. On n'a pas identifié la source de Hugo. Ni le Grand Dictionnaire universel de P. Larousse, ni le Littré, ni le TLF ne connnaissent le mot «nautique» en nom commun; des dictionnaires plus récents signalent le nom commun masculin comme abréviation de mille nautique.

 

-la balistique de Gribeauval. Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval (1715-1789), inspecteur de l'artillerie, n'est pas un spécialiste de la balistique (science des courbes décrites par les projectiles selon leur vitesse initiale, leur poids, etc.) mais un ingénieur spécialiste de la technique de construction des pièces de canon et de l'emploi de l'artillerie.

 

- Garsaut (François-Alexandre). Le Dictionnaire de Chaudon et Delandine lui consacre un article où sont énumérés ses principaux ouvrages: « I. L'Anatomie du cheval, traduite de l'anglois de Snap, 1737, in-4°. II. Le Nouveau parfait Maréchal, réimprimé, pour la quatrième fois, en 1770 , in 4° : le meilleur ouvrage sur cet art. III. Le Guide du Cavalier, 1769, in 12. IV. Traité des Voitures , in 4°, 1756. On y trouve la description d'un carrosse inversable, dont il se servoit lui-même. V. La Description de plusieurs arts, dans le recueil de l'Académie des Sciences; le Paumier-Raquettier, le Perruquier, le Tailleur, la Lingère, le Cordonnier, le Bourrelier, le Sellier. VI. Le Recueil des Plantes gravées, 4 volumes in 8°. »

 

- Desgodets, Antoine (1653-1728) fut connu de son vivant, selon Chaudon et Delandine, par son livre Edifices antiques de Rome, dessinés et mesurés très-exactement, in folio, Paris, 1682, dont Colbert avait ordonné l'impression aux frais de l'Etat. Après sa mort, furent publiés d'après ses manuscrits Les Lois du Bâtiment, le Traité du toisé, un Traité des ordres d'architecture, un Traité des ordres français, un Traité des dômes, un Traité sur la coupe des pierres.

 

- Tournefort: Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708).

 

- Abailard: Pierre Abélard (1079-1142).

 

- la politique de Platon. On ne l'enseigne sans doute pas à Sciences-Pô mais les philosophes doivent connaître, entre autres, sa République.

 

- la mécanique d'Aristote: voir l'histoire de la mécanique. Mais ni l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, ni les autres dont Hugo se sert, ne retiennent le nom d'Aristote lorsqu'il s'agit de mouvement, de force, ou de mécanique proprement dite, sinon pour indiquer l'obsolescence d'une pensée qui expliquait le fonctionnement des pompes par l'horreur du vide prêtée à la nature.

 

- la physique de Descartes n'est pas l'objet du même mépris de la part de d'Alembert au Discours préliminaire de l'Encyclopédie: « Si Descartes, qui nous a ouvert la route, n'y a pas été aussi loin que ses Sectateurs le croyent, il s'en faut beaucoup que les Sciences lui doivent aussi peu que le prétendent ses adversaires. Sa Méthode seule auroit suffi pour le rendre immortel; sa Dioptrique est la plus grande & la plus belle application qu'on eût faite encore de la Géométrie à la Physique; on voit enfin dans ses ouvrages, même les moins lus maintenant, briller partout le génie inventeur. Si on juge sans partialité ces tourbillons devenus aujourd'hui presque ridicules, on conviendra, j'ose le dire, qu'on ne pouvoit alors imaginer mieux: les observations astronomiques qui ont servi à les détruire étoient encore imparfaites, ou peu constatées; rien n'étoit plus naturel que de supposer un fluide qui transportât les planètes; il n'y avoit qu'une longue suite de phénomènes, de raisonnemens & de calculs, & par conséquent une longue suite d'années, qui pût faire renoncer à une théorie si séduisante. Elle avoit d'ailleurs l'avantage singulier de rendre raison de la gravitation des corps par la force centrifuge du Tourbillon même: & je ne crains point d'avancer que cette explication de la pesanteur est une des plus belles & des plus ingénieuses hypothèses que la Philosophie ait jamais imaginées. Aussi a-t-il fallu, pour l'abandonner, que les Physiciens ayent été entrainés comme malgré eux par la Théorie des forces centrales, & par des expériences faites longtemps après. Reconnoissons donc que Descartes, forcé de créer une Physique toute nouvelle, n'a pû la créer meilleure; qu'il a fallu, pour ainsi dire, passer par les tourbillons pour arriver au vrai système du monde; & que s'il s'est trompé sur les lois du mouvement, il a du moins deviné le premier qu'il devoit y en avoir. »

 

- Stillingfleet. Hugo semble n'avoir pas dépassé la première phrase de l'article que lui consacre le Dictionnaire de Chaudon et Delandine: « STILLINGFLEET, (Edouard)- théologien Anglois, naquit en 1639 à Cranburn, dans le comté de Dorset. » On ne voit pas que la théologie de Stillingfleet soit plus dépassée qu'une autre.